Login

Phytos Pas de passage en force du plan pollinisateurs, pour le moment

Alors que le projet présenté aux professionnels avait tout pour « mettre le feu aux campagnes », le gouvernement a finalement fait marche arrière, laissant le temps de la concertation.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

Attendu pour la fin d’année, le plan pollinisateurs voit finalement son calendrier « desserré » pour « prendre le temps de la concertation », a indiqué le ministère de l’Agriculture, à l’issue d’une réunion qui a eu lieu le vendredi 18 décembre 2020.

 

Cette réunion a permis de présenter la trame du plan au groupe de travail, constitué notamment de professionnels agricoles, des représentants des filières de productions végétales et apicoles, d’ONG et d’instituts techniques et de recherche. « C’est un plan qui se doit d’être complet pour traiter la question de la protection des pollinisateurs sous tous ses aspects », a-t-il précisé.

Les 4 axes du plan

Le plan pollinisateurs sera décliné en quatre axes.

Les syndicats agricoles réagissent

La profession agricole est rapidement montée au créneau. « Le travail de nuit est dangereux et risque d’envenimer les choses avec les riverains. Ce plan va accentuer les distorsions de concurrence avec les voisins européens et méconnaît le fait que, parfois, nous ne disposons que de quelques heures pour intervenir », a jugé la Coordination rurale.

 

« Nous avions apporté une contribution en donnant aux ministères de l’Agriculture et de l’Environnement notre vision d’un plan pollinisateurs qui ne concerne pas exclusivement les phytos, a expliqué Christian Durlin, de la FNSEA. Mais, en fin de compte, il repose presque exclusivement sur la déclinaison de l’avis de l’Anses. » De plus, selon le syndicat, cela aura des conséquences sur le plan protéines sorti début décembre, car « se retrouvent dans l’œil du cyclone toutes les cultures oléoprotéagineuses ».

 

Ainsi, selon les calculs de l’interprofession des huiles et protéines végétales, Terres Univia, ce projet provoquerait une réduction des surfaces équivalentes à 120 000 ha pour le seul colza. « Le bol alimentaire disponible pour les abeilles va se réduire, alors que le colza assure une miellée en début de saison et soutient le développement des colonies pour la suite », ajoute l’interprofession.

Un plan attendu pour mars 2021

Cette mesure du « 4ème volet » impacterait surtout les usages mineurs, tels que les productions de semences, de plantes aromatiques ou de fruits et légumes. « Nous sommes favo­rables à la protection des pollinisateurs, notre enga­gement quo­tidien le démontre, mais nous ne pouvons pas accepter que le plan pollinisateurs soit un plan tueur d’arboriculteurs », a rappelé l’Association nationale pommes poire (ANPP).

 

« Nous continuons de penser qu’il n’y a pas lieu d’avoir un arrêté franco-français un peu à côté du régime européen, qui lui-même va encore évoluer » (lire l’encadré ci-dessous), a estimé l’UIPP (2). En effet, un groupe de travail européen a été créé depuis peu au sein de l’Efsa (3). Et une partie des tests proposés dans le « Guide abeilles » de 2013 de l’Efsa pourrait être enfin appliquée en 2021. Les autres tests seraient validés par la suite.

 

Si le projet initial a été en partie salué par les apiculteurs, les ONG et la Confédération paysanne, le ministère de l’Agriculture a toutefois indiqué, le 18 décembre 2020, que « les inquiétudes ont été entendues ». Craintes d’un calendrier trop court, d’une marche forcée…

 

« Ces remarques étaient légitimes, reconnaît-il. Un plan d’une telle envergure nécessite de laisser le temps à la concertation de façon apaisée, pour que chacun puisse faire valoir ses propositions. Les travaux se poursuivront donc jusqu’en mars 2021. »

 

L’ensemble du plan devrait être en consultation fin janvier-début février. En attendant, espérons que les professionnels auront été entendus et que les ministères auront pris de bonnes résolutions pour 2021.

 

1. Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail.

2. Union des industries de la protection des plantes.

3. Autorité européenne de sécurité des aliments.

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement